Quelque soit le modèle de file d'attente employé, on ne peut jamais éviter un décrochage asymptotique lorsque la demande devient supérieure à la disponibilité de la ressource. Ce phénomène est bien connu dans les systèmes multi-utilisateurs où l'on peut vivre des situations fort désagréables si on n'a pas limité raisonnablement le nombre d'usagers simultanés. Cette valeur ne peut être déterminée que par tâtonnements successifs car il est impossible de connaître et ts qui varient rapidement de façon totalement aléatoire. C'est pourquoi il ne faut pas accorder trop de confiance aux tests généraux de tenue en charge qui sont incapables de simuler correctement ces paramètres. La seule façon d'évaluer le comportement d'un système face à ce problème est de l'utiliser en vraie grandeur ou de se renseigner auprès d'autres sites qui en font un usage équivalent. Ainsi la même machine capable de servir une centaine d'étudiants en apprentissage décrochera face à une vingtaine d'ingénieurs qui emploient de vrais logiciels d'exploitation. Des systèmes en apparence identiques, comme les systèmes Unix développés par différents constructeurs, peuvent révéler un comportement dissemblable.
Pour essayer de préciser les résultats antérieurs envisageons un nombre d'usagers N constant. On associe un processus à chaque utilisateur. La durée moyenne nécessaire pour élaborer une requête, c'est à dire la somme du temps de réflexion et du temps de frappe sur le clavier est appelée . La figure 5.6 montre comment le temps de réponse varie en fonction du nombre de terminaux en service.
figure 5.6 : Temps de réponse en fonction du nombre N de terminaux actifs
Au-delà d'un seuil critique , augmente en se rapprochant de l'asymptote de pente . La réalité est moins simple qu'il n'y parait car varie à tout instant. Ce résultat est théorique : il suppose une charge constante, relativement élevée, pour que le processeur soit constamment occupé, sans pour autant dépasser de beaucoup une valeur = 1. N* indique ce seuil de saturation, c'est à dire le nombre d'usagers à partir duquel le temps de réponse commence à croître de façon sensible. Nous verrons plus loin comment une augmentation de la charge, produite par un accroissement du nombre d'utilisateurs N et des temps de service demandés ts, peut conduire rapidement à un allongement important du temps de réponse et à un écroulement de la charge utile de la machine. Les performances des systèmes en temps partagé sont très sensibles à leur mode de fonctionnement. Il faut prendre ces résultats avec beaucoup de précautions car ils n'ont pas d'autre prétention que de représenter le fonctionnement moyen de machines qui doivent supporter de grandes variations instantanées de leur charge. Néanmoins ils montrent bien la difficulté du partage d'une ressource rare.
Copyright Yves Epelboin, université P.M. Curie, février 2003, MAJ
30 mars, 2006